Les cordes longues produisent un son plus grave que les courtes: ce principe physique explique la forme trapézoïdale de la caisse de résonnance du hackbrett. Pour pouvoir produire plus d’une note par corde, des chevalets sont disposées sur l’instrument qui divisent les cordes en segments. Depuis le 19e siècle, le hackbrett est équipé d’au moins deux de ces chevalets. On frappe les cordes avec de petits marteaux, très fins dans les cantons autour du Säntis, plus massifs et en forme de S en Valais.

Le hackbrett appenzellois d’aujourd’hui possède 125 cordes, regroupées en 25 chœurs de 5 cordes accordées à la même hauteur. En Valais, on utilise une barre pour hausser un chœur d’un demi-ton, si bien que l’instrument est plus petit et doté de moins de cordes.

Répandu dans de nombreux pays du monde entier, le hackbrett est apprécié surtout en Asie et en Europe de l’est. On ne sait pas d’où vient le hackbrett suisse, peut-être a-t-il été importé par des musiciens itinérants autrichiens. En 1447, son nom est mentionné pour la première fois, dans un rapport de police de la ville de Zurich, un individu jouant du hackbrett ayant été puni pour tapage nocturne. La première illustration de l’instrument figure dans un manuscrit de 1494 conservé par le couvent d’Einsiedeln. D’autres images apparaissent également dans différents documents et traités de musique dès le début du 16e siècle. En 2012, on a découvert à Davos un hackbrett daté de 1644. L’instrument figure aussi sur quelques tableaux et, dès la fin du 19e siècle, sur des photos. Certaines représentent des musiciennes de rues jouant de cet instrument à Grindelwald, parmi elles la légendaire Hackbrett-Anni: Anna Bühlmann-Schlunegger (1811-1897).

Si les joueurs de hackbrett de Suisse orientale furent étonnés de découvrir leurs homologues valaisans lors d’un tournoi à Brigue en 1973, ils furent réellement fascinés en 2001 quand Johannes Fuchs fit venir en Appenzell la Cimbalom World Association, avec une centaine d’hackbrettistes du monde entier.

Le hackbrett se joue seul, comme c’est souvent le cas en Appenzell, ou au sein de groupes généralement constitués de deux violons, d’une contrebasse et soit d’un violoncelle, d’un accordéon ou d’un piano. En Valais, il se joue comme instrument accompagnateur et quelquefois à quatre mains.

Le mouvement folk des années 1970 a popularisé le hackbrett dans les villes. Depuis 1989, il est enseigné au Conservatoire de Berne.

Le hackbrett est demandé comme instrument de concert dans des compositions par Heinz Holliger, Jürg Wyttenbach, Urs Flück, Urs Graf, Renato Grisoni, Robert Wenger, Paul Huber und Rolf Liebermann.